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Quid du panache?

Prudence

L’Europeo 2024 et les Jeux Olympiques le confirment: en football, la prudence est de mise. La majorité des équipes attendent leurs adversaires regroupées en défense, soucieuses avant tout de protéger leur but. Avec l’espoir de bénéficier d’espaces libérés pour échapper à la vigilance de l’arrière-garde adverse.

Quand une équipe attaque, elle conserve frileusement plusieurs joueurs sur sa base arrière, au cas où… Ces défenseurs se projettent rarement vers l’avant. Ils abandonnent ainsi leurs attaquants isolés en infériorité numérique, proies à la merci de blocs défensifs bien en place.

L’absence de soutien au porteur du ballon contraint arrières et milieux de terrain à un abus de jeu latéral et de passes en retrait inefficaces; ou à un recours trop fréquent au long jeu aérien qui requiert une maîtrise technique dans la passe dont ne sont pas dotés tous les footballeurs; et qui multiplie duels et heurts contre des murs de grands défenseurs.

Quid du panache?

La peur de perdre empêche de gagner. Les matches prennent l’allure de confrontations des qualités athlétiques des protagonistes sur le rectangle vert. Faut dire que de plus en plus, les rencontres se résument à des parties d’échecs, dans l’interprétation positionnelle de ce jeu, avec la stricte application par les joueurs du non moins strict plan de jeu établi. Rigueur et discipline sont les maîtres mots de nos chantres d’un football tristement réaliste et pragmatique. De quoi généraliser un jeu emprunté qui souvent galvaude les talents, suscitant l’ennui chez les joueurs et dans le public, en tribune comme devant les écrans télé.

Faut-il préciser qu’à Tiro Libre, on préfèrerait une équipe de France renonçant à sa stratégie renonciatrice qui gâche le spectacle attendu d’un sport qui est aussi un art?

Les filles de la Roja

En Espagne, surtout dans l’équipe féminine, on ne se pose pas de questions: on vient pour gagner. En se faisant plaisir. Et on attaque.

La victoire souriant aux audacieux, on occupe le camp adverse grâce à une défense haute. On vient systématiquement à plusieurs en soutien du porteur du ballon, pour lui offrir différentes possibilités de passe. Le respect du cuir qui est la marque des fins techniciens, assure la possession. On garde la maîtrise du ballon. On s’applique dans la passe. On fait courir l'adversaire qui fatigue et baisse d’intensité après une heure de jeu.

Plus que l’affrontement physique, on privilégie l’esquive dans un jeu en mouvement où l’on trouve des espaces, on permute et où l’on recherche des décalages dans la défense adverse. Non sans verticaliser le jeu qui demande de la variété, sollicitant imagination et créativité des acteurs pour improviser des combinaisons offensives, du jeu en triangle…

Nourrie d’enthousiasme et source de satisfaction, cette philosophie invite à la continuité dans le jeu favorisant une gratifiante progression dans la qualité des prestations.

Au sein de la Roja, la technique collective optimise l’efficience d’un pressing déclenché à l’unisson pour récupérer le ballon perdu. Ancré dans la culture espagnole, l’amour du beau jeu collectif offensif est enseigné dans les écoles de foot du pays. Il est assimilé par tous les joueursqui parlent ainsi le même langage. Une culture qui a pu favoriser l’épanouissement de grands joueurs. Dans la tradition de l’histoire des “magiques magyars” de Puskas, du Brésil des artistes au “jogo bonito” de Pelé et des siens, des “oranges mécaniques” de Cruyff…

Secret défense

Pour les jeunes femmes en rouge et jaune, point de secret: la meilleure défense, c’est l’attaque!

On risque moins lorsqu’on tient le ballon dans la moitié de terrain adverse, que quand on reste arc-bouté dans son camp, à répéter des courses épuisantes physiquement et moralement; à la poursuite d’une balle difficile à récupérer. Simple, non?

S’il fallait définir le point fort de ces fringantes Espagnoles, c’est bien leur panache: le succès se mérite. Il faut aller le chercher. Croire en soi et oser. La meilleure recette pour entretenir la motivation des acteurs et des spectateurs. Et vivre le foot en fête.

Puissent d’autres équipes s’ inspirer de l’exemple des filles de la Roja.