3 min read

Premier League: foot ou business?

Premier League:  foot ou business?
Photo by Who’s Denilo ? / Unsplash

Le 17 août marque la reprise de la Premier League. Un championnat hyper médiatisé: “le plus relevé, qui regroupe les meilleures équipes, les meilleurs joueurs, entraîneurs, d’excellents arbitres, le meilleur public…” nous dit-on. Qu’en est-il, au juste ?

Notoriété internationale

La flatteuse réputation internationale de la Premier League est méritée.
De tous les championnats nationaux, c’est actuellement le plus spectaculaire. Car l’engagement des acteurs sur la scène du théâtre vert y est garanti ; réclamé par un public passionné, nostalgique du traditionnel “kick and rush” d’outre-Manche. Le “fighting spirit" est à l’honneur : les supporteurs attendent des joueurs qu’ils mouillent le maillot et produisent un jeu viril où tackles et duels épaule contre épaule déclenchent les applaudissements. Un jeu qui n’exclut pas une certaine violence appréciée du public et tolérée par un arbitrage permissif. Héritage du “up and under”, les charges aériennes sur le gardien de but sont licites au Royaume Uni.

Dans la tradition du finish britannique, l’affrontement est maintenu jusqu’à l’ultime coup de sifflet de l’arbitre ; et donne lieu régulièrement à des renversements de situation riches en émotions.
Si la Premier League est une compétition passionnante, c’est parce qu’elle est âprement disputée. Les résultats souvent indécis tiennent en haleine les spectateurs, dans les stades anglais comme sur les écrans de télévision du monde entier.

Facilité par la richesse des clubs, le niveau moyen des équipes est élevé. Au point que les grandes équipes redoutent de trébucher face aux formations plus modestes qui demeurent compétitives.
Les prétendants à la victoire finale sont nombreux. Le titre et les places d’honneur qui ouvrent les portes des coupes européennes se décident fréquemment à l’issue de la dernière journée.

Palmarès révélateur

Comment ne pas s’étonner de trouver aussi rarement au palmarès des grandes compétitions internationales et des trophées individuels majeurs, des pensionnaires du championnat plébiscité sur la planète foot ?

Qu’on en juge : quand le Real Madrid totalise 21 titres européens, le club anglais le plus titré, Liverpool, est 4eme avec 13 titres.
Avec 6 victoires en Ligue des Champions, la reine des compétitions inter clubs, Liverpool est 3eme, contre 15 succès au Real. Plus révélateur: le dernier ballon d’or attribué à un joueur opérant en Angleterre remonte à 2001 avec Michael Owen ! Au palmarès de ce prestigieux trophée qui récompense les artistes du ballon rond, Kevin Keegan est le 8eme joueur, Bobby Charlton le 12eme. Au palmarès de la Coupe du Monde, le Graal pour les équipes nationales, l’Angleterre, mère du football, est la 6eme nation avec 1 victoire, obtenue en 66 sur son sol après un tournoi marqué par un jeu défensif brutal et diverses controverses (le roi Pelé éliminé suite à deux agressions caractérisées, le capitaine argentin Rattin expulsé en quart de finale contre l’Angleterre (!) pour insultes à un arbitre allemand ne parlant pas un mot d’espagnol, des erreurs d’arbitrage répétées…)

Foot business

Le foot business qui se répand à travers le monde connaît son apogée sous les auspices de la city londonienne. Les principaux clubs du Royaume sont contrôlés par des oligarques russes, ou bien des fonds d’investissement américains, asiatiques ou moyen-orientaux; parfois même des états ! Plus que sportifs, leurs objectifs sont financiers, voire géopolitiques.

Ils déversent des flots d’argent pour accroître la notoriété des clubs devenus des marques dont ils recherchent une plus-value. Ils enrichissent la Premier League, qui bénéficie également de revenus publicitaires dynamisés par un marketing international agressif, ajoutés aux recettes de billetterie et à des droits télévisés particulièrement élevés. Si en Asie les écrans télé sont inondés par les matches de Premier League, ce n’est pas une conséquence du réchauffement climatique !

Cette manne redistribuée à tous les clubs leur permet de recruter de très bons joueurs des 5 continents, garants de la qualité du spectacle d’une compétition chaque jour plus économique que sportive.

Rendons à césar…

Qui oserait dire que la Premier League, aujourd’hui à la lumière des projecteurs de la planète foot, n’est pas le championnat le plus attractif ? Mais de là à croire qu’elle est la vitrine du plus beau football et des plus grands joueurs…

L’équipe anglaise qui réussit de manière régulière à imposer un jeu séduisant, City, a gagné une seule coupe aux grandes oreilles.
Vrai, au niveau des clubs comme de la sélection nationale, le football anglais est surévalué. Sa force principale est un réel talent pour se vendre comme une nation majeure du football.

L’amoureux du ballon rond peut-il se résoudre à adouber un championnat magnifiant les qualités athlétiques des acteurs au détriment de la technique individuelle des joueurs et collective des équipes, de la créativité, de la magie du foot?

Amis, ne l’oublions pas: si le football est un sport, c’est aussi un art. Et l’argent au service du foot, oui. Mais le foot au service de l’argent, non.