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Coup de Grizou

Fins de règne

Antoine Griezmann tirant sa révérence, c’est une déflagration dans le football français. Voilà une décennie glorieuse de l’équipe nationale enterrée.  Le pays fait grise mine.

Ce renoncement du quatrième buteur de l’histoire des Bleus, à seulement 4 capes du record de sélections, désole les amoureux du football. Car le meneur de jeu tricolore, à la fois créateur, finisseur et relayeur, reste le meilleur technicien des Bleus. Leur animateur sur le terrain et en dehors. Un inspirateur. Un garçon intelligent et sympathique. Troisième aux ballons d’or 2016 et 2018 et meilleur joueur de l’Euro 2016!

Le malheur des uns…

La nouvelle fait le bonheur du public espagnol, friand de beau jeu. En particulier des supporteurs de l’Atlético, qui n’ont aucun doute: leur petit Prince règnera encore plusieurs années sur le Metropolitano. Vrai, par la qualité de ses performances chez les colchoneros, Antoine demeure le joueur phare de l’exigeant Cholo Simeone.

A l’évidence, les dernières sorties décevantes de Griezmann en équipe de France ne sauraient s’expliquer par le déclin lié à l’âge. Sinon, compte tenu de leurs récentes prestations peu reluisantes, les Mbappé, Kolo Muani, Dembélé et autres, seraient sélectionnés pour une consultation en gérontologie!

Le principal facteur des récentes contreperformances de Grisou en bleu, est sa démotivation due à la détérioration de ses relations avec Didier Deschamps. Leur longue et belle complicité n’est plus d’actualité depuis qu’Antoine a perdu la confiance du sélectionneur.

La faute

En cédant devant l’insistance de Kylian Mbappé, postulant au capitanat du onze de France, Deschamps a promu un soliste plus attiré par les fulgurances individuelles que par par le travail collectif. Et il a giflé Griezmann, véritable leader par l’exemple; que désignaient comme successeur d’Hugo Lloris son historique, son attitude et son comportement au service de ses coéquipiers sur le rectangle vert et dans la vie du groupe France. Le bling bling et le marketing l’ont emporté sur la raison, le sentiment et la vertu: une faute.

L’ado rejeté par les clubs de l’hexagone pour sa petite taille, qui doit sa réussite professionnelle à son expatriation à San Sebastián, a toujours ressenti un besoin de reconnaissance de sa patrie. Il n’a jamais caché sa fierté de revêtir le maillot frappé du coq et son amour pour l’EdF. Comment oublier les larmes de Grizou après des défaites face à l’Allemagne et le Portugal?

Depuis longtemps, Antoine rêvait de succéder à Hugo Lloris comme capitaine des Bleus. Le brassard était à ses yeux le plus bel hommage à sa carrière de footballeur en bleu; le couronnement par la France du petit Prince de Mâcon. Il se contentera d’une mission d’ambassadeur plénipotentiaire en Castille.  La déception est profonde.

Politiquement correct

Comment nommer capitaine un individualiste soucieux de briller dans des exploits spectaculaires et rétif aux efforts à partager avec ses coéquipiers pour presser l’adversaire ?

Venant d’un expert en leadership comme Deschamps, il ne peut y avoir qu’une explication: l’opportunisme et le manque de courage d’un coach politiquement correct, n’osant pas dire non à la star médiatique du foot français, coqueluche des sponsors et décideurs par-delà l’hexagone.

La promotion de Kylian, qui n’a pas le profil d’un chef menant ses troupes au combat, s’est rapidement avérée une énorme bourde: la désinvolture affichée sur le terrain par l’enfant de Bondy a eu un effet destructeur sur le groupe France; et a accru la déception d’Antoine dont la passion pour l’aventure bleue reste un modèle aux yeux de ses jeunes partenaires.

Cette faute de Deschamps est inexcusable de la part de l’ancien joueur qui fut un exemplaire capitaine la victoire. Il est dommage qu’au récent Europeo, le sélectionneur national n’ait pas profité de la blessure de Mbappé pour confirmer à Antoine sa confiance, en le responsabilisant. Malheureusement, Didier Deschamps aura évité de donner l’impression de se déjuger, faisant passer son amour-propre avant l’intérêt de l’Institution bleue. 

Quelles que soient les raisons liées au retrait de Grizou et sa part de responsabilité dans l’évolution de sa relation avec le patron des Bleus, l’impératif pour l’avenir de l’EdF était de conserver ce joueur précieux pour sa classe, son expérience, sa créativité et son sens du collectif. 

Car la nation classée deuxième au rang de la FIFA doit disposer dans son effectif d’au moins deux play makers de classe internationale (comme furent les deux potes Grizou et « La Pioche ») dont au moins un sur le terrain en permanence. Le rôle de l’entraîneur est de réunir les conditions pour que ces meneurs de jeu puissent exprimer pleinement leur talent. 

« La Dèche »

Après 12 années passées à la tête de l’EdF, Didier Deschamps n’a pas su imprimer aux Bleus une méthode, un style. Avec une philosophie défensive, étriquée, une défense basse et en l’absence de mouvement, de jeu sans ballon et de soutien au porteur, la possession est insuffisante. L’attaque repose sur des actions individuelles, par manque de constructions collectives. Le jeu produit est ennuyeux pour les joueurs et les spectateurs.

Le pragmatisme et le leadership du sélectionneur national, couronnés d’un titre de champion du monde, un de vice-champion et une ligue des nations, ont longtemps compensé la pauvreté du jeu d’équipe. Malgré la richesse de la France en footballeurs de valeur qui font le bonheur des grands clubs étrangers.

Désormais, faute de résultats, les critiques sur le manque de fond de jeu prennent tout leur sens. D’autant que le sélectionneur semble avoir perdu la main sur l’équipe. La désastreuse gestion du cas Griezmann est l’erreur de trop. La Dèche n’y parvient plus. Le poids de douze années dans la fonction…

A Tiro Libre, on considère que la fin du règne de Griezmann à Madrid n’est pas pour demain. Et on pense assister à la fin du règne de Didier Deschamps sélectionneur.

On espère l’arrivée de l’autre franco-madrilène, Zinédine Zidane. Avec son aura, il pourrait même réussir à faire revenir sur sa décision un Antoine Griezmann si attaché à l’équipe nationale et toujours déterminant chez les colchoneros; qui faciliterait la prise de fonction progressive d’Olise en régie de l’attaque des Bleus.

Qui mieux que Zizou pour nous ramener Grizou?