L'imposture Luis Enrique
A l’heure où les médias à la solde de nos amis qataris abondent en éloges sur le nouveau « grand entraîneur » du PSG, tandis que l’UNFP récompense Donnarumma, « meilleur gardien » de la saison en D1 (à croire que son jeu au pied catastrophique et sa passivité craintive sur les balles aériennes auront échappé à la vigilance des votants. A moins que…), l’amateur de football peut se poser des questions.
UN PEU D’HISTOIRE
L’histoire moderne du ballon rond s’écrit avec de grands entraîneurs qui laissent leur trace. Du verrou du pragmatique Karl Rappan au séduisant jeu court « à la rémoise » d’Albert Batteux, au créatif 4-2-4 de Mario Zagallo et des artistes brésiliens, au « football total » du Rinus Michels de l’Ajax d’Amsterdam, en passant par la défense en ligne chère à Arrigo Sacchi. Du culte de la possession facilitée par un positionnement haut des défenseurs alignés, prôné par Johan Cruyff et pratiqué dans toutes les équipes du Barça depuis l’académie de La Masia jusqu’au Camp Nou, à son complément, l’ambitieux pressing de Pep Guardiola, digne héritier du maître hollandais. De Carlo Ancelotti, disciple de Nils Liiedholm, qui à l’instar du Kaiser Franz Beckenbauer au Bayern Munich, a toujours donné la primeur à la qualité de la relance d’une défense basse favorisant la libération d’espaces propices aux raids d’attaquants véloces, jusqu’à Jürgen Klopp qui a imposé sur les bords de la Mersey le contre-pressing du Borussia Dortmund, asphyxiant les joueurs rivaux sans ménager le souffle des siens.
Et que dire aujourd’hui du collectif enthousiasmant de Gian Piero Gasperini à l’Atalanta de Bergame?
GÉLINOTTE
Quid de Luis Enrique? « Pues el tío, ya le conocemos bien…» peut-on entendre du côté de Chamartín.
Il a laissé là-bas le souvenir d’un homme à forte personnalité, dynamique, entier, incliné davantage à l’action qu’à la réflexion; prompt à asséner ses certitudes et porté à la polémique comme au conflit. Un père admiré pour son courage et sa dignité dans le soutien de sa famille lors du combat d’une de ses filles vaincue par une longue maladie.
Un joueur généreux dans ses courses; sorte de Gélinotte (jument longtemps reine du trotting), sans talent technique particulier, privé de cette confidence avec le cuir si appréciée chez les merengue. Un battant, meneur par l’exemple, dépourvu de la vision du jeu qui différencie les grands footballeurs.
Au Réal Madrid, ne serait venue à personne l’idée de confier les clefs du camion à cet ancien joueur excessif, volontiers entêté.
UNE FILIATION
Les succès de Luis Enrique comme entraîneur sont dus à l’application fidèle des principes de jeu de son mentor Guardiola, par une exceptionnelle génération de grands joueurs, tous apôtres de la philosophie enseignée à La Masia.
Plus encore qu’au sein des équipes de l’actuel chantre catalan de la possession, l’occupation du camp adverse érigée en crédo conduit trop souvent les formations dirigées par le coach asturien à des mouvements offensifs répétitifs, horizontaux et accompagnés d’un recours aux passes en retrait: un jeu prévisible pour un adversaire bien regroupé en défense, à l’affût de contres létaux.
A défaut d’options stratégiques novatrices, les surprises que nous réserve Luis Enrique tiennent à des options parfois déconcertantes.
DE L’ERREUR A LA FAUTE
A la lumière des récentes demi-finales de Champions League et en faisant abstraction du manque de réussite des Parisiens comme de certaines décisions arbitrales, quelle responsabilité attribuer à Enrique dans la peu glorieuse élimination du PSG?
Sitôt annoncé son refus de prolonger son contrat le liant au PSG, Kylian Mbappé a du essuyer la colère et les menaces du président, puis les mises à l’écart du coach, en alternance avec leurs apaisantes déclarations sur les objectifs partagés par tous les membres de la belle famille du club…
En particulier, la conquête de cette coupe aux grandes oreilles claironnée depuis l’arrivée des Qataris et reportée chaque année. En somme, des préoccupations professionnelles contraignantes, sous le feu de médias avides de problèmes à jeter en pâture au public, par surcroît concomitantes aux soucis inhérents à tout transfert à l’étranger. Un contexte qui explique, sans l’excuser, le récent manque de combativité d’un MBP parfois plus spectateur qu’acteur décisif.
Autant dire que le match retour couperet face au Borussia, où le PSG était contraint d’attaquer, imposait l’union sacrée autour du leader du compartiment offensif francilien. Or, voilà que pour cette soirée d’importance capitale, notre « grand entraîneur » a décidé d’orienter les attaques parisiennes sur le flan droit de son équipe: une nouvelle brimade pour Kylian, son arme majeure, au lieu de l’injection d’une forte dose de motivation en le responsabilisant: « on compte sur toi… »
Un choix d’Enrique qui privilégiait les montées d’Achraf Hakimi, plus coureur que finisseur, et qui privait l’équipe de la répétition des précieux débordements de Dembélé, irrésistible ailier fâché avec le but. Un choix confirmant les invitations répétées les semaines précédentes à Dembélé: ne pas hésiter à repiquer dans l’axe central! De quoi rejoindre un malheureux Gonçalo Ramos et un Mbappé désenchanté, empêtrés dans l’entonnoir du trafic. Une stratégie erronée desservie par une maladresse psychologique coupable.
Singulière décision d’un homme qui, à ses débuts au Barça comme entraîneur, après une tentative infructueuse de passage en force pour imposer son autorité, avait sagement suivi l’injonction de sa Direction à s’incliner devant un Leo Messi frondeur. Cette fois, bombant le torse et montrant ses muscles, notre « grand entraîneur » aura encore contenté sa hiérarchie humiliée par l’affront que lui a infligé ce KMB pourtant très attaché à l’institution francilienne; et jusqu’alors au centre du projet visant à asseoir la domination qatarie dans l’Europe du foot: la stratégie El Khelaïfi que Kylian, décidé à laisser son nom gravé en lettres d’or dans le livre de la grande histoire du football, a rejeté au mépris de contrats pharaoniques! Mais Enrique aura ainsi hypothéqué les réelles chances de qualification du PSG.
LA FOI QUI SAUVE
Faudra-t-il donc étoffer le staff pléthorique du PSG par l’assistance permanente d’un Bison Futé et d’un psychologue du sport? La gabegie des propriétaires du club supporterait ce petit effort supplémentaire.
Qu’importe, au-delà de l’incompétence historique sur la planète foot de NEK, le problème du PSG demeure un management féodal où un souverain sis à Doha transmet ses croyances et ses oukases à un PDG fantoche en charge de l’application d’une robuste politique du carnet de chèques.
Dieu (ou son prophète?) reconnaîtra les siens…