Vini et/ou Kylian

Système, quand tu nous tiens. Le football de haut niveau requiert aujourd'hui de ses joueurs, outre des qualités techniques et tactiques, une énergie, un engagement physique permettant la répétition des courses et des duels. Autant d'exigences à la base du système de jeu adopté par le nouveau coach du Real Madrid, Xavi Alonso, à l'instar des entraîneurs des principales équipes actuelles. Une philosophie qui prône la concentration des joueurs ; regroupés tour à tour en un bloc défensif et offensif. Cette organisation implique de chacun des acteurs du spectacle foot une participation active à l'effort du groupe. En phase offensive, les défenseurs doivent accompagner leurs attaquants. Ces derniers sont les premiers défenseurs de l'équipe : ils font déferler sur l'arrière-garde rivale la vague initiale d'un pressing collectif permanent qui favorise la récupération du ballon, en entravant la qualité de la relance adverse. Les milieux de terrain alternent le soutien à leurs arrières et à leurs avants. Un schéma organisationnel dont l'application suppose de la part des hommes de pointe, un harcèlement systématique du porteur du cuir adverse et de ses proches coéquipiers ; effectué si possible par trois avants. Et à défaut, par au moins un attaquant qui harcèle et un autre qui l'accompagne. Cet exigeant travail, ingrat mais précieux pour l'équipe, n'est pas spécialement apprécié des premiers violons d'une grande formation. L'entraîneur doit obtenir en particulier de ses attaquants vedettes qu'ils se plient à la règle du groupe. S'ils n'évoluent pas, Vinícius Júnior et Kylian Mbappé tous deux rétifs au pressing, ne devraient pas pouvoir cohabiter longtemps dans le schéma de jeu que Xavi Alonso tente de mettre en place.
Vini ou Kylian ?
Se séparer de Kylian Mbappé n'est pas d'actualité du côté de Chamartín. Son statut y est désormais affirmé. Le prince de Bondy a connu une première saison madrilène compliquée. Notamment en raison de la campagne de dénigrement orchestrée par les médias à la solde de l'empire d'Al Jazeera ; suite à l'humiliation ressentie par Nasser el-Khelaïfi face au refus du Bondynois de prolonger au PSG, malgré le pont d'or qui lui était proposé. Au sein d'un Real étonnamment fragile, Mbappé est cependant parvenu à décrocher le soulier d'or européen. La notoriété internationale de Kylian, facilitée par son charisme, son intelligence et ses qualités de communicant, est attractive aux yeux des sponsors et des médias. Elle est valorisée par la direction du club ; notamment à l'heure de vendre des abonnements et des maillots.
Dans le même temps, Vinícius Júnior a été inefficace. Le Brésilien est une pâle caricature du joueur décisif adulé voilà deux ans. Cet irrésistible dribbleur faisait alors pardonner le râleur qui, régulièrement, proteste auprès des arbitres et chambre les joueurs comme le public adverses. Au point d'irriter Florentino Pérez, l'afición merengue et certains coéquipiers. Au sein de la Liga, la sensibilité épidermique du Brésilien est désormais bien connue de tous. Elle suscite les provocations : des insultes racistes issues des gradins à l'anti-jeu et la brutalité d'adversaires encouragés par la permissivité du corps arbitral. Incapable de contrôler ses nerfs, Vinícius réagit à ces agressions de manière excessive. Lors des matchs disputés à l'extérieur, il attire du public quolibets et huées ; et les sanctions des hommes en noir se renouvellent. Vini perd ainsi son football dans une attitude et un comportement indignes d'une tradition de fair play de la Maison Blanche chère au Président Pérez.
Vini et Kylian
Porté par une forte volonté de laisser son empreinte à l'histoire d'un Brésil qui vénère le roi Pelé, le dieu Garrincha, Neymar la merveille, le phénomène Ronaldo et autres Ronaldinho Gaúcho... Vinícius Júnior a souffert profondément de son échec à la conquête du Ballon d'Or 2024. Afin d'espérer rejoindre ses idoles au panthéon du jogo bonito, il doit flamber au Mondial 2026. Pour préparer son grand come back, quel meilleur tremplin que les exigences d'un Real Madrid condamné au rachat après une saison blanche ( ! ) ? Et quelle meilleure vitrine que l'impact médiatique du club numéro 1 au monde ? Tout porte à croire que dès qu'ils auront recruté le play maker qui leur fait cruellement défaut depuis les départs de Kroos et Modrić, les hommes de Xavi Alonso seront de nouveau hautement compétitifs. Au Real, le fantasque brésilien peut rapidement redevenir l'attaquant déroutant et déterminant redouté de tous. À condition de renoncer à ses prétentions financières inacceptables pour le club, surtout de la part d'un joueur aux performances notoirement insuffisantes depuis bientôt un an. Il semble peu probable que Florentino Pérez remette en question la primauté de l'Institution sur ses membres et leurs marchandages individuels. Vini, le flamboyant soliste ex futur Ballon d'Or, doit également accepter d'être le partenaire d'un Kylian au volant du camion.
L'or noir saoudien
Dans un marché où, au sortir d'une intersaison record, la Premier League vient de dépenser 3,5 milliards d'euros ( ! ), la Saudi Pro League est à la recherche d'une tête de gondole assurant la succession de l'incombustible quadragénaire Ronaldo. Al Ahli FC rêve d'accueillir Vinícius. En ouvrant le robinet du pétrole. Faute de Ballon d'Or, Vinícius Júnior pourrait céder au séduisant chant des sirènes du pays de l'or noir, qui pour sa conquête ont proposé au Real 300 millions d'euros ; puis 350, assortis pour le joueur d'un juteux contrat d'un milliard d'euros sur cinq années ! La cession du soliste brésilien permettrait au Real Madrid de recruter à la fois un meneur de jeu donnant le tempo à l'équipe et un grand attaquant complémentaire de Mbappé, généreux dans l'application du pressing ; deux renforts de talentueux footballeurs adaptés à la philosophie de jeu de Xavi Alonso.
Le play maker récupérateur et animateur placé devant sa défense doté du profil idéal, serait Rodri ; si toutefois le leader de Manchester City, trentenaire en juin prochain, récupère son niveau d'excellence à sa rupture d'un croisé antérieur. Vitinha, de 25 ans, cocherait également les cases. Et le récent vingtenaire Wharton semble promis à un avenir brillant ; sachant que les « pépites » anglaises ne confirment pas toujours les espoirs mis en elles (trop) rapidement outre-Manche !
Le grand attaquant pourrait être Erling Haaland. Impitoyable buteur, le cyborg fixerait la défense adverse, ouvrant des espaces aux déplacements de Kylian sur tout le front de l'attaque. Il ferait valoir son redoutable jeu de tête sollicité par les magnifiques centres liftés et passes en profondeur d'un Trent Alexander-Arnold ayant accompli sa période de rodage. Avec Mbappé, Haaland constituerait un fameux duo d'attaquants... et de stars marketing complémentaires, susceptibles d'attirer les publicitaires de tous continents. Moins athlétique que le géant norvégien, le fin technicien Julián Álvarez, excellent en pointe, de face comme dos au but, en 9 comme en 9 1/2, formerait avec Mbappé un binôme de buteurs mobiles et rapides, à l'aise plein champ et dans les espaces réduits, capables d'enchanter le difficile public du Bernabéu.
Gloire et argent
La négociation de la prolongation du contrat de Vinícius Júnior est bloquée. Le joueur devenant libre au terme de son contrat, fin juin 2027, il pourrait alors décrocher le contrat du siècle. Afin de ne pas risquer de perdre son fantasque attaquant sans compensation financière, le Real Madrid doit le vendre... si Vini accepte le transfert ! S'il refuse, le Real peut le mettre sur le banc des remplaçants, compromettant sérieusement la participation du joueur au Mondial 2026 ; et engendrant la chute de sa valeur sur le marché. Pour concilier l'intérêt des trois parties, le bon sens doit donc prévaloir. Vinícius ne doit pas camper sur ses exigences financières. Certes, en transférant Vinícius Júnior, le Real Madrid se priverait des fulgurances du funambule brésilien. Cependant, le départ de Vini libérerait le flanc offensif gauche de l'armada blanche au profit des permutations de Mbappé... et de Rodrygo ! (ou de son successeur). Et le Real gagnerait en force collective, grâce à une meilleure cohérence dans l'application du schéma tactique de son nouveau coach ; favorisant l'éclosion du talent des Bellingham, Mastantuono, Güler, Endrick, Camavinga...
Si Vini ne retrouve pas son top niveau et sa motivation pour donner suite à son destin dans la Maison Blanche, sa cession aura du sens. Et ce, dès le prochain mercato d'hiver, le temps de préparer sa succession au cours d'un exercice qui se présente comme une année de reconstruction chez les Merengue. Le transfert de Vinícius en Arabie Saoudite pourrait être gagnant-gagnant, comme le fut le transfert de Zinédine Zidane au Real Madrid ; dont le montant record avait financé le recrutement par la Juve à un Parma englué dans les problèmes financiers, de Buffon, Cannavaro et Thuram : le trio défensif des futurs champions du monde transalpins. Plus que jamais, amis de Tiro Libre, la balle est dans le camp de Vinícius Júnior... et d'un certain Florentino !