Nations League : compétition de trop ?

Nations League : compétition de trop ?

La phase finale de l'UEFA Nations League se déroulera au sortir d'une saison surchargée, succédant à plusieurs exercices contraignants pour les organismes des joueurs ; surtout ceux des clubs majeurs, impliqués dans les matchs décisifs des compétitions nationales et internationales. Intercalée entre les finales des coupes européennes des clubs et la nouvelle Coupe du Monde des Clubs, cette Coupe de la Ligue fait craindre un surcroît de fatigue et de blessures. La victoire pourrait sourire à une sélection disposant de suffisamment de footballeurs de qualité pour assurer une rotation harmonieuse de son effectif, sans laquelle devient illusoire le maintien d'une bonne forme physique et mentale des acteurs.

Les clefs du succès

L'histoire nous enseigne qu'en football, l'accumulation de stars ne garantit pas la réussite. Pour l'illustrer, les exemples d'échecs n'abondent. Comment oublier les récentes déconvenues des associations Ronaldinho-Messi au Barça en 2004-2005, Messi-Neymar-Mbappé au PSG, Messi-Griezmann au Barça, Lampard-Gerrard dans les Three Lions d'Eriksson et de Capello ? Sans parler des Galácticos de Florentino Pérez... Autant de précédents qui nous rappellent que pour obtenir le succès, un bon système de jeu est plus important que des individualités brillantes mal agencées ; comme le démontrent positivement les équipes masculine et féminine du Barça et de la Roja. Les triomphes répétés des grands clubs sont liés à la continuité dans l'application d'un système de jeu auquel les joueurs adhèrent ; où l'intelligence collective prime sur le prestige individuel et où sont partagées une volonté de coopérer, une humilité ; avec un respect mutuel, chacun sachant clairement ce qu'il doit faire. Et ce, bien avant le début des compétitions.

La réussite d'une telle cohabitation nécessite la présence sur le terrain d'au moins un leader fort, dont l'ascendant est accepté de tous ses coéquipiers. La bonne cohésion nécessaire à toute grande équipe est à ce prix.

L'embarras du choix

À l'approche de la phase finale de la Ligue des Nations, l'Équipe de France est loin de réunir toutes les conditions souhaitables pour forcer le destin. Certes, d'autres sélections sont dans ce cas. Mais une France vice-championne du monde se doit de viser la victoire. Or, malheureusement, comme la plupart des équipes entraînées par Didier Deschamps, les Bleus n'ont pas de fond de jeu. Faute d'un système clairement défini et de titulaires choisis pour le mettre en application, nos représentants s'adaptent à l'adversaire et aux circonstances. Trop souvent, ils comptent plus sur les faiblesses et erreurs des opposants qu'ils ne s'efforcent d'imposer leur emprise sur le match. La France est riche en footballeurs de talent. Trop ? Nombre de nos représentants, en particulier en défense centrale et en attaque, font les beaux jours des plus grands clubs du continent. Mais plus que l'abondance des talents, c'est leur complémentarité qui doit guider les choix du sélectionneur.

Dans l'intérêt du collectif France, sera importante la délicate élection des capitaines. Bien que la classe de Kylian Mbappé soit indiscutable, à ce jour son comportement de buteur rétif à tout pressing, n'est pas un bon exemple pour la motivation de ses partenaires. En l'absence regrettée de Griezmann et N'Golo Kanté, des personnalités comme Konaté et Maignan, deux potentiels leaders, pourraient libérer Kylian de la charge du capitanat ; lui facilitant l'expression de ses fulgurances et de son art du but. Si Michael Olise garde le niveau de jeu qu'il a affiché au Bayern, avec Cherki assurant des piges en cours de matchs, nos avants vif-argents seront sollicités et les Bleus pourront remporter cette Ligue des Nations. Tous ses choix, Deschamps devra les expliquer et les faire accepter par le groupe. Sinon, l'UEFA Nations League risque d'être la compétition de trop pour l'Équipe de France et pour son sélectionneur.

Esprit de groupe

Une certitude : nombreux sont aujourd'hui les techniciens à la tête d'équipes nationales qui aimeraient avoir les casse-têtes de Didier Deschamps ! Le pessimisme ne doit pas être de mise : Didier Deschamps, que Tiro Libre n'a pas épargné pour certaines prestations indignes du standing de notre sélection nationale, est un leader, un gagneur. L'homme le plus titré du football français aura à cœur de ne pas rater sa sortie, alors que les Bleus demeurent en panne de jeu convaincant et affichent des résultats en inadéquation à la notoriété des joueurs français. Deschamps a fédéré ses joueurs pour vaincre le Mondial de Russie. Il peut parvenir à faire sceller l'union sacrée entre nos représentants. Afin de constituer un groupe combattif, animé d'un bon esprit et d'un comportement dignes des travailleurs modestes que furent N'Golo Kanté et Matuidi ; transcendés par l'entrain hors du terrain des Adil Rami, Pogba-Griezmann... Pour l'esprit de groupe, Deschamps peut également s'inspirer de Luis Enrique au PSG !

Afin de triompher dans une compétition où les prétendants à la victoire ne manquent pas, il faudra battre la selección espagnole, qui mérite d'être considérée comme légitime favori pour sa cohérence : la qualité dans la continuité. Nos voisins ibériques maîtrisent un système de jeu assimilé par tous et ayant fait ses preuves : cette culture du tiki-taka acquise à La Masia assure une cohésion dans la délégation de la Roja, qui maintient un niveau de jeu élevé même en changeant des joueurs. Ce système est pratiqué « depuis toujours » par un groupe homogène d'enthousiastes jeunes footballeurs de talent ; encadrés par un excellent playmaker, Pedri ; disposant d'un Lamine Yamal qui marche sur l'eau ; et d'un entraîneur remarquable.

Bonne chance à toutes les équipes en compétition ! Et que vive le beau jeu.

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