Les infirmeries du foot

Les infirmeries du foot

7 sur 10 : ce chiffre et ce nombre ne comptabilisent pas les pénaltys transformés victorieusement par Haaland, Mbappé, Lewandowski ou Kane. Ni même les parades décisives d'Emiliano Martínez, Courtois, ou Donnarumma. Pas plus que les dégagements du poing de Bud Spencer ! Ils représentent la proportion de footballeurs classés parmi les dix premiers au Ballon d'Or 2025 qui, en ce début de saison, se trouvent dans l'impossibilité de fouler régulièrement nos pelouses pour cause de blessures. C'est trop. Dommage !

Stars obscurcies

Cette statistique évocatrice d'un impitoyable sport de combat, fait craindre une Coupe du Monde 2026 privée de certaines des stars de la planète foot. Épargné par les blessures durant plusieurs mois d'une année euphorique, voilà le Ballon d'or 2025, Dembélé, retombé dans le cycle des indisponibilités qui jusqu'alors ont marqué sa carrière. Rodri, lauréat du Ballon d'Or en 2024, peine à retrouver une activité sportive normale après un an d'arrêt. Tandis que Salah offre une version ternie de ses brillantes performances de la saison passée. Si l'on songe à tous les joueurs qui emplissent aujourd'hui les infirmeries des clubs de foot, on se doit de tirer la sonnette d'alarme.

Foot business

Pourtant, les lésions en cascades frappant les footballeurs ne semblent pas préoccuper les instances dirigeantes du ballon rond. L'enchaînement des blessures observées est favorisé par l'accumulation de compétitions élargies et toujours plus exigeantes pour les organismes des acteurs du jeu ; voulues par l'UEFA afin d'arrondir la très confortable situation financière de l'institution européenne. À la satisfaction des équipes plus modestes invitées à jouer dans la cour des grands et à partager ces temps forts avec leurs supporters et sponsors. De quoi soigner leur popularité auprès de leurs décideurs politiques locaux et régionaux. Autant de grain à moudre pour les médias et les réseaux sociaux s'intéressant à l'univers du foot ; souvent tentés par une information truffée de déclarations choc, controverses, fausses révélations et autres supputations. À défaut d'analyses techniques et tactiques de qualité, à l'image des instructives tribunes que le Midi Olympique consacre au ballon ovale.

Impressions initiales

La surcharge du calendrier des compétitions conduit les grandes formations à amplifier les effectifs et à gérer la préparation des joueurs afin de les amener au top de leur condition lors des semaines où se décide la conquête des trophées majeurs. En cette année de Coupe du Monde, gardons-nous en début d'exercice de jugements prématurés sur le potentiel des acteurs du spectacle et des équipes : en football, les vérités de l'automne sont rarement celles du printemps et de l'été.

Kolossal

Dans ce contexte, le Bayern München s'avère présentement l'équipe la plus convaincante en Europe. Complet dans chacune de ses lignes, le onze bavarois propose un séduisant jeu collectif offensif ; décliné avec une intensité, une combattivité et une solidarité louables. Du costaud, conforme à la réputation des voitures allemandes. Sous la conduite d'un Kimmich exemplaire ; de l'implacable buteur Kane, enfin dans un environnement favorable à l'expression, sur tout le front de l'attaque, de ses talents de numéro 9, 9 1/2 et 10. Ce Bayern profite de l'apport d'un Olise dont l'aisance technique, le sens du jeu et du but désignent comme digne successeur de Griezmann en équipe de France (si Kompany, dans sa rotation des joueurs, veille à lui ménager régulièrement un précieux temps de repos). L'équipe phare de la Bavière compte également sur la sérénité dégagée par Upamecano, impressionnant rempart de l'arrière-garde munichoise. Tout cela constitue une formation qui paraît sans faille... et en attente d'un rétablissement du déterminant Jamal Musiala encore blessé ! N'oublions pas, toutefois, que le Bayern nous a habitué à des départs dominateurs, malaisément confirmés à l'occasion des matchs à élimination directe.

Résilience

Privé de sa cavalerie offensive, le Paris Saint-Germain est néanmoins parvenu à maintenir un niveau de prestations élevé grâce à la force de son collectif, illustrée par ses généreux jeunes joueurs ; malgré les atermoiements d'une défense que l'appliqué Pacho tente de maintenir tant bien que mal au niveau requis d'un champion d'Europe. Ce PSG risque de pâtir des lésions de ses magnifiques pistons Hakimi et Mendes, systématiquement sollicités.

Wait and see

En Angleterre, Liverpool subit le contrecoup de sa réussite d'une ampleur inattendue lors de l'ultime édition de Premier League... Et de recrutements en intersaison plus dispendieux que pertinents. Arsenal veut croire dur comme fer que 2025-2026 sera son année. L'énergie ne manque pas dans ce groupe où chacun met les mains à la pâte (!) et qui s'appuie sur la fiabilité de sa défense. Toutefois, l'étonnante proportion de buts marqués par les Gunners sur coups de pieds arrêtés révèle leurs difficultés à imposer une véritable efficacité offensive. Le collectif est rassurant, mais les individualités de classe ne sont pas légion au sein des canonniers nord-londoniens. Alors, attention à ne pas enterrer les Mancuniens de l'inoxydable City de Guardiola ! Sachant que si le rétablissement de l'excellent Cole Palmer ne tarde pas trop, la nouvelle génération de Chelsea sera capable dès cette année de faire valoir son potentiel prometteur.

Trou financier et défense gruyère

Aux prises à une série de dettes liées à un déficit de l'ordre du milliard d'euros, le Barça conserve un bon niveau de performances grâce à son jeu d'équipe bien huilé, assimilé par chacun des joueurs de l'effectif ; à la richesse de son vivier de La Masia ; à son prodige Yamal et à Pedri, actuel meilleur numéro 10 de la planète. Il est permis de douter de la capacité de Raphinha à réaliser une saison sur les standards particulièrement élevés de la précédente. Quant à Lewandowski, on peut lui prévoir d'accuser progressivement le poids des ans. Le gros point faible des culés demeure une défense systématiquement (trop) haute chère à Flick, qui en son temps lui a valu des problèmes Outre-Rhin.

Système Alonso vs stars sans leader

Au Real Madrid, à la Mbappé dépendance paraît s'ajouter dans les matchs importants une préoccupante Courtois dépendance. Les footballeurs de classe ne manquent pas au sein de la Maison Blanche mais ne donnent pas encore leur pleine mesure faute de véritable fond de jeu. On sent une volonté offensive. Et Xabi Alonso commence à obtenir de ses joueurs un pressing haut, auquel Mbappé semble adhérer par séquences. Mais en attaque, contrairement au système mis en place avec succès au Bayer Leverkusen, l'apport des arrières latéraux madrilènes est inexistant. La contribution des défenseurs aux offensives se limite trop souvent à des passes latérales ou en retrait, avec de rares débordements et des centres imprécis. Les arrières apathiques continuent à défendre en reculant, sans agresser le porteur de balle adverse et ses soutiens, comme le voudrait leur positionnement avancé. Huijsen recherche la précision dans ses relances, mais sa vulnérabilité dans le un contre un et cette surprenante passivité dans le jeu aérien chez un joueur frisant les deux mètres sous la toise, ne sont compensées ni par Militão moins jaillissant, ni par un Tchouaméni oscillant entre manque et excès de tranchant. Les milieux de terrain madrilènes illustrent les lacunes de l'équipe. En premier, le déficit en énergie, en combattivité et l'absence de soutien au porteur du ballon, isolé et livré à la pression d'adversaires agressifs. Les Merengue attendent de recevoir le cuir au lieu de se lancer résolument à sa poursuite. Malheureusement, le Real manque cruellement de l'impulsion d'un leader entraînant, capable à la fois de réguler le collectif et de le transcender. Le soliste Mbappé s'efforce de faire preuve de continuité pour assumer ce rôle à contre-emploi, dans une formation qui réunit trois candidats déclarés au Ballon d'Or, dont le seul Bellingham mouille véritablement le maillot. Et où Vinícius a du mal à déborder. Quand il y parvient, il conclut rarement. Le Brésilien pèche en persistant par individualisme. Avare en efforts défensifs, il est de peu de secours pour un Carreras flojo sur l'homme. Intermittent du spectacle, le funambule Vini n'est pas le complément idéal de Kylian le chasseur de buts. Mais veut-il vraiment l'être ? Décidément, Xabi Alonso a du pain sur la planche pour faire appliquer sa philosophie du jeu aux talentueux Merengue.

Forza !

L'Inter de Milan est toujours l'équipe robuste et vaillante que l'on connaît. Certains de ses éléments sur la brèche depuis plus d'une décennie où ils ont prouvé leur fiabilité, risquent pourtant d'être moins performants au cours du long exercice qui ne fait que démarrer. Tiro Libre continuera à vous accompagner, amis lecteurs, au long d'une saison qui s'annonce particulièrement exigeante... et attractive !