Le cours de l'or

Le cours de l'or

Le sacre d'Ousmane Dembélé est officialisé. Son annonce formelle à l'occasion de la récente (pas spécialement raffinée) cérémonie annuelle de remise des trophées n'aura pas surpris grand monde : il y a belle lurette que la nouvelle avait filtré dans la presse. Et la caisse de résonance de l'empire médiatique qatari aura fonctionné : depuis 4 mois, le magnifique triomphe de Paris Saint-Germain en Champions League et la remarquable saison de l'attaquant parisien sont régulièrement encensés sur les antennes de beIN SPORTS et au travers des innombrables relais d'Al Jazeera.

Fluctuations

Le niveau des vainqueurs du Ballon d'Or varie selon les années, indépendamment des fluctuations du cours du précieux métal jaune. La notoriété de la majeure distinction individuelle de la planète foot est entretenue à grand renfort de déclarations, démentis et controverses amplement médiatisées. Le prestige du trophée repose sur la fascination qu'ont exercée ses vainqueurs les plus fameux. Parmi ces footballeurs déterminants, s'y sont succédés au palmarès ces dernières années les incombustibles cracks Messi et Ronaldo ; Benzema buteur décisif, leader d'attaque et attentif tuteur de Vinicius Junior ; après les divers Ronaldo de Lima, Zidane, Rivaldo, Figo et autres Ronaldinho... Autant de joueurs d'exception, capables de décider le sort de grandes rencontres en improvisant des gestes et actions aussi spectaculaires qu'inattendus.

Mérites

Dembélé a mérité le Graal. Buteur prolifique et animateur de la flamboyante attaque du PSG, le Français passé maître dans l'art d'accélérer le jeu en le verticalisant, a de surcroît été apprécié pour ses passes décisives ; et pour son exemplaire générosité dans l'application du pressing essentiel à la stratégie offensive du collectif parisien. La progression d'Ousmane doit être saluée : sa totale indépendance des pieds, sa vitesse, sa couverture de balle et sa frappe étaient prisées par Tuchel à Dortmund et Xavi au Barça. Mais jusqu'alors gâchées par une singulière propension à mal terminer ses irrésistibles débordements et chevauchées sur les ailes. Réjouissons-nous de la maturation de ce surdoué du ballon rond survenue dans sa vingt-septième année ; avec son positionnement axial par Luis Enrique, en faux centre-avant qui n'hésite pas à décrocher pour libérer un espace propice à la plongée d'un partenaire ou à faire l'essuie-glace sur le front de l'attaque. Devenu plus pragmatique, voilà cet abonné aux absents des podiums individuels couronné Ballon d'Or 2025.

Et pourtant, Dembélé pèche encore par manque de réalisme à la conclusion de ses initiatives, notamment dans les duels face aux gardiens. À l'instar de certains lauréats tels Papin ou Cannavaro, le sixième Français honoré de la suprême récompense individuelle ne saurait être considéré comme un grand Ballon d'Or. Il a été brillant durant plusieurs mois. Mais ses prestations n'ont pas eu l'exceptionnel éclat de celles de certains de ses illustres devanciers. En équipe de France, Dembélé n'a jamais eu le rayonnement affiché au cours de cet exercice sous le maillot du PSG. Il n'est pas désobligeant pour Ousmane Dembélé de considérer que le parcours du Paris Saint-Germain en Champions League a été rendu possible grâce à l'importante contribution de talentueux partenaires : Donnarumma impérial à maintes reprises ; Achraf Hakimi particulièrement dynamique et efficace ; un généreux milieu de terrain réunissant des footballeurs complémentaires agressifs, mobiles et solidaires, bonifié par la maîtrise technique et la justesse de Vitinha à la baguette ; Doué qui a mis à genoux l'Inter en finale... Force est d'attribuer une robuste part du mérite de ce nouveau Ballon d'Or au collectif forgé et animé par Luis Enrique.

À Tiro Libre, voici un an, on n'osait plus espérer une évolution tardive aussi réussie de la part du coach comme de son joueur phare. Félicitons-nous des certitudes, du courage, de la résilience d'un entraîneur auparavant jugé excessif, imprévisible, provocateur et prêt à défendre bec et ongles ses choix parfois surprenants. Apprécions la métamorphose de l'éternel hyper doué ( ! ) qui enfin se libère pour donner la pleine mesure de ses qualités. Et ce, en conservant sa simplicité et sa modestie. La joie partagée par ses coéquipiers au sacre de leur chef de file atteste leur estime pour l'homme : à l'évidence, Ousmane est une bonne personne. De quoi nous rassurer dans ce monde de brutes !

Le prodige

Tout en louant les réels mérites de Dembélé, Tiro Libre aurait accordé ce Ballon d'Or à Lamine Yamal, enfant prodige du football mondial, riche et prodigue des effets de ses inspirations. Il transcende le Barça à coups d'exploits individuels retentissants, alternés à de belles actions collectives favorisées par le tiki-taka catalan ; sous la houlette de Pedri, admirable meneur de jeu ; assisté d'un Raphinha volontaire et chirurgical, qui n'en finit pas de nous surprendre. La complicité de Yamal avec un cuir apprivoisé, collé à ses pieds, ajoute une dimension spectaculaire à ses dribbles inarrêtables, ses courses ponctuées de tirs meurtriers et ses passes décisives. Mais Lamine Yamal n'a pas remporté la Coupe aux Grandes Oreilles. Gagnée l'an passé par l'artiste brésilien (trahi par ses nerfs) Vinicius Junior. Auquel aura été préféré Rodri...

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