Le 5eme Beatle

Le 5eme Beatle

Les années 60 ont été marquées par la déferlante de la Beatlemanie. Et les « 4 garçons dans le vent » de Liverpool ont été annonciateurs du succès foudroyant d'un « 5ème Beatle » : l'Irlandais George Best, légende de Manchester United.

Talentueux

Grand attaquant, ce dribbleur impénitent était un buteur sans pitié et un créateur imprévisible des Red Devils de Matt Busby, équipe mythique réunissant trois Ballons d'Or : Bobby Charlton, Denis Law et Best ; des joueurs de classe et des combattants. George Best a laissé une trace indélébile par son exceptionnel talent et son palmarès impressionnant ; dont se détachent les victoires en Coupe d'Europe 68, aux Championnats d'Angleterre 64-65 et 66-67, à la Cup 62-63, au Charity Shield 65-67 ; les sacres de Ballon d'Or et Meilleur Buteur du championnat anglais 67-68.

Rarement la planète foot aura connu un joueur aussi brillant. Et ni Brésilien, ni Argentin ! La nature généreuse de ce génie du ballon le poussait, avant d'inventer, à courir, marquer son adversaire et lui chiper le ballon. Avant-centre ou ailier, l'attaquant vaillant aimait partir de loin, dribbler ses adversaires grâce à sa technique et sa vitesse. Et dans la surface de réparation, il savait être implacable par son sens du but et une détermination peu commune. Il a mené Man U au sommet de l'Europe, en enchantant le public et en désespérant ses adversaires. Les madridistas n'ont pas oublié qu'il avait éliminé le Real en demi-finale de la Coupe des clubs Champions d'un de ces missiles dont il avait le secret.

Idole

Best était un homme attachant. À l'époque des cheveux longs, du Pop Art et d'un monde qui changeait chaque semaine au gré d'une créativité ayant Londres pour capitale. Où comme la musique et la mode vestimentaire, le football anglais était à son apogée ; avec le triomphe mancunien en Champions League à Wembley, deux ans après la victoire en World Cup de la sélection aux trois lions, dans ce même stade. Le Royaume-Uni s'était entiché des yeux bleus de ce nord-irlandais à la chevelure noire et aux rouflaquettes. George Best était la coqueluche du public. Il était beau. Et idolâtré par les filles, adeptes de la vague mini, des voitures Austin Cooper aux jupes raccourcies et aux shetlands proches des nombrils. Faut dire que Georgie adorait les femmes. Et en alcôve autant que sur le rectangle vert, il jouissait d'une réputation d'ardent triomphateur.

Hédoniste

Il menait une vie intense, trépidante, sans mesure, comme il conduisait ses voitures. Il dormait peu, buvait beaucoup et faisait la fête à longueur d'année. Une existence incompatible avec une carrière de sportif de haut niveau ; à laquelle, au grand dam de ses dirigeants, coéquipiers, partenaires, supporters et groupies, il a dû mettre fin à 29 ans, après plusieurs arrêts pour suivre des cures de désintoxication. Il est devenu globe-trotter, intermittent du foot multipliant les piges d'Amérique en Asie pour terminer dans son Irlande du Nord. Cet hédoniste ne manquait pas d'humour. En 69, il avait déclaré : « J'ai arrêté les femmes et l'alcool, ça a été les 20 minutes les plus dures de ma vie ». Plus tard, il dira : « J'ai claqué beaucoup d'argent en femmes, en alcool, en oiseaux et en voitures de sport. Le reste, je l'ai tout simplement gaspillé ». Comme Garrincha et Maradona, avec ses prodiges et ses excès, ce génie s'est amusé comme un fou à jouer au ballon. En brûlant la chandelle par les deux bouts. Et avec une fin de carrière et une reconversion difficiles. Après une greffe de foie en 2002, il est mort en 2005, à 59 ans, des suites d'une infection pulmonaire, liée à un système immunitaire affaibli par ses traitements post-greffe.

George Best demeure une grande figure du sport, qui malheureusement n'a jamais pu disputer une phase finale de Coupe du Monde. Son nom est donné à l'aéroport de Belfast.

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