Faiseurs de miracles

Faiseurs de miracles

Qui aurait parié en 1956 sur la victoire au Tour de France cycliste de Roger Walkowiak ? Les miracles existent en sport. Et dans le football. En témoignent certains exploits réalisés par des équipes n'ayant auparavant suscité aucune attention particulière de la part des bookmakers ; et qui ont pourtant laissé leur trace dans l'histoire du ballon rond. Les mérites de leurs triomphes totalement inattendus, reviennent en premier à des managers exceptionnels ; des faiseurs de miracles : créateurs de légendes bâties autour de joueurs certes talentueux, mais dépourvus d'un statut de superstars internationales.

Bagnoli l'inattendu

Parmi ces prises de pouvoir inattendues figurent l'Hellas Verona d'Osvaldo Bagnoli remportant le scudetto avec pour seuls joueurs connus Elkjær Larsen et l'infatigable Allemand Briegel ; au terme de la saison 84-85 d'un Calcio qui réunissait le Napoli de Maradona, la Juve de Platini, la Roma de Falcao, l'Inter de Rummenigge, la Fiorentina de Sócrates…

Le Leicester de Ranieri

Trente et un ans plus tard, il y eut le Petit Poucet du Leicester City de Claudio Ranieri, s'appuyant sur N'Golo Kanté, Mahrez, Vardy, pour devancer les géants de Manchester, Liverpool et Londres.

L'invité de dernière heure

Et que dire des Danois de Nielsen, en 1992, avec Peter Schmeichel, Brian Laudrup, Elkjær, repêchés pour participer à l'Europeo au tout dernier moment, en remplacement d'une ex-Yougoslavie en pleine guerre civile, exclue de la compétition ? Ces Danois qui, en finale, battirent 2 à 0 l'Allemagne championne du monde !

L'épopée du Forest de Brian Clough

Parmi ces Enchanteurs Merlin, l'immense Brian Clough occupe une place à part dans l'histoire du football. Cet ancien avant-centre, meilleur buteur de la deuxième division anglaise en 59 et 60, dut brusquement mettre fin à sa carrière de joueur à la suite d'une blessure au genou. Devenu entraîneur, il força l'admiration du monde du football au Royaume-Uni en menant au titre national Derby County et Nottingham Forest FC, deux clubs de D2, en seulement trois ans ! Un exploit majuscule.

L'épopée du Forest tient du conte de fées : Sitôt la prise de fonction de Brian Clough en janvier 75, dans une formation se débattant en fond de D2, les boys de Nottingham furent les acteurs d'éclatantes victoires dès 76 en D2, puis en 78 dans la majeure division anglaise, avec 42 matchs enchaînés sans défaite, record battu seulement en 2004 par Arsenal ! Ces exploits furent suivis, dès 78 et 79, d'un inimaginable triomphe dans deux Coupes d'Europe des Clubs successives ! Une fulgurante ascension accompagnée de 4 victoires en Coupe de la Ligue. Autant de succès d'un Brian faiseur de miracles, obtenus avec son fidèle adjoint Peter Taylor ; grâce au jeu d'équipe d'un Forest qui remporta tous les trophées. On y retrouvait le gardien Shilton, les imposants défenseurs Viv Anderson et Kenny Burns et le grand Trevor Francis, « l'homme qui valait un million de livres ». Cette prodigieuse réussite vaut aujourd'hui encore à Clough le titre de meilleur manager de l'histoire du foot anglais. Un entraîneur adepte du football total, qui prônait un jeu à terre, constructif, en rupture avec le conformisme du traditionnel kick and rush britannique. Brian Clough est resté 18 saisons à la tête de Nottingham Forest, record de longévité battu ultérieurement par Alex Ferguson et Arsène Wenger.

Le charisme, le tempérament explosif, les déclarations incisives de ce « manager de terrain » qui ne mâchait pas ses mots étaient prisés des médias et des milieux populaires. Mais choquaient l'establishment du football qualifiant Clough de « plus grande gueule du football anglais ». La réussite, l'ego et le caractère entier de cet homme dur mais juste, ont valu plus tard à José Mourinho, autre manager qui se voulait maître de la communication, le surnom flatteur de « Brian Clough du football moderne ».

Après sa mort en 2004, un tronçon de l'A52 reliant Derby à Nottingham a été rebaptisé Brian Clough way. Des statues de Clough ont été érigées à Middlesbrough, Nottingham et Derby. Et deux fois par an, lors des rencontres de championnat entre Derby et Nottingham, est mis en jeu un trophée à son nom.

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