Dino et Gigi
Suite au post consacré à Lev Yashin, Tiro Libre s'intéresse aujourd'hui à Dino Zoff et Gianluigi Buffon, considérés comme les deux plus grands gardiens de but de l'histoire italienne. Ils ont en commun leur passion du football, leur amour du maillot, des itinéraires parallèles avec une exceptionnelle longévité au plus haut niveau. Chacun d'eux représente une époque, un style et une mentalité.
Analogies
Entre ombre et lumière, les parcours de ces deux figures du sport transalpin se ressemblent. Ils ont très longtemps défendu la cage de la Juventus de Turin et de la Squadra Azzurra. Tous deux ont disputé 4 Coupes du Monde et ont touché le Graal. Ils ont remporté nombre de compétitions nationales et la Coupe de l'UEFA ; mais n'ont jamais pu embrasser la Coupe aux Grandes Oreilles. Les deux fuoriclasse ont détenu le record d'invincibilité en Série A. Portier le plus âgé à avoir triomphé en Coupe du Monde, à 40 ans, Zoff est aussi celui resté le plus longtemps (1140 minutes) sans encaisser de but. Buffon est le footballeur italien le plus capé, avec 170 sélections. Il a même été élu meilleur joueur de Série B à 44 ans !
Différences
Gardien à l'ancienne, Dino Zoff est une légende tranquille : impassible ultime rempart et capitaine d'équipe. Un homme sérieux, de peu de gestes et de peu de mots, au jeu basé sur le sens tactique et un calme olympien ; stoïque, réservé, modeste. Après une qualification de la Nazionale qu'il entraînait, à un journaliste l'interrogeant : « coach, un mot sur la victoire ? », sa réponse avait été : « bravo ». À un reporter enthousiaste qui lui demandait au soir de son sacre de Madrid ce que ressentait le plus vieux footballeur champion du monde, il avait répondu calmement : « j'ai simplement fait mon devoir ». Originaire du Frioul, proche de la frontière slovène, il est digne, discret, presque taciturne. Pour les amateurs de showbiz et les friands de déclarations fracassantes, pas le genre de vedette à interviewer ! Ce silencieux rayonnait pourtant d'une autorité naturelle qui rassurait ses partenaires et les joueurs qu'il entraînait. Le sévère et austère Dino devenu entraîneur savait dialoguer dans l'empathie. Le fantasque joueur britannique Paul Gascoigne, dit « Gazza » (dont les formidables talents de footballeur étaient accompagnés d'une addiction à l'alcool, sa béquille contre ses états dépressifs) nous avait confié sa très bonne entente avec son coach à la Lazio : le sévère et austère Dino lui demandait de ne pas s'alcooliser à partir du vendredi soir, à une époque où « la partita » se déroulait le dimanche à 15 heures précises ; dans une Italie pas spécialement rigoureuse sur les horaires.
Buffon est un gardien qui allie puissance athlétique, spectacle et un sens incroyable de la direction que va prendre le ballon. Homme au grand cœur et à la tête bien faite, Gigi est un amateur de rock. Il écrit de la poésie et des textes personnels, a publié un livre autobiographique : « numéro 1 ». L'expressif Toscan de Carrare, est un charismatique leader, vocal, chaleureux, blagueur. Un mélange de sérieux sur le terrain et de vraie folie douce en dehors qui lui valent une popularité dans toute la botte et bien au-delà de la péninsule italienne. Lors d'un match à l'extérieur, applaudi pour un arrêt exceptionnel, il a déserté sa cage en pleine rencontre... pour partager un selfie dans le public adverse ! Toujours reconnaissant à la Juve de l'avoir recruté pour 52 millions d'euros (record pour un gardien, imbattu durant 15 ans), il est resté fidèle à la Vieille Dame reléguée en Série B ; suite au scandale du calciopoli, alors que le gratin des clubs européens le pressait de s'expatrier pour partir à la conquête de la Champions League.
Que vous soyez inconditionnels de Dino ou de Gigi, deux icônes et deux joueurs aux antipodes, comme tant de tifosi longtemps partagés entre le culte de Gianni Rivera ou celui de Sandro Mazzola, vous rendez toujours hommage à une légende du football. À Tiro Libre, on admire Dino Zoff et Gigi Buffon.