De l’audace !
Inutile de chercher dans une quelconque malchance ou malédiction la raison de l'échec des équipes françaises lors des récentes phases finales des compétitions internationales de football. Ces revers nous rappellent que la victoire se donne plus volontiers à qui l'a méritée. Que la chance souriant aux audacieux, il faut la tenter. En attaquant. En mettant de l'intensité dans le jeu ; en particulier les courses et les duels. En agressant l'adversaire dans son camp, sans hésiter à occuper en nombre sa portion de terrain : osons !
Les Bleues
À l'Euro féminin de l'UEFA 2025, les Françaises ont été trahies par les illusions nées de leur succès initial sur une formation anglaise ce jour-là d'un niveau longtemps très inférieur à ses standards habituels. En quart de finale, face à des Allemandes dominantes sur le plan athlétique, les footballeuses de l'Équipe de France devaient compenser leur déficit physique en affirmant sur leurs rivales une énergie et un esprit combatif supérieurs : en étant les premières sur le ballon, en gagnant les duels et se maintenant dans le mouvement. Il leur fallait prendre résolument l'initiative en imposant leur jeu. Surtout bénéficiant d'emblée d'un score favorable et d'un précieux avantage numérique. Malheureusement, ces Bleues en demi-teinte se sont avérées incapables de répondre à l'agressivité des Allemandes, qui ont fait preuve d'une ardeur à la lutte et d'une solidarité admirables. Une fois encore, les nôtres ont subi la volonté des joueuses d'Outre-Rhin, nos « bêtes noires » (de blanc vêtues), au dire de certains médias aussi rapidement résignés dans la défaite que triomphants après les premiers succès prometteurs des Françaises. Privées de notre meilleur argument offensif dans ce tournoi par le surprenant remplacement de Delphine Cascarino, les filles de Laurent Bonadei n'avaient décidément pas leur place dans le dernier carré de l'Euro 2025*. Dommage !
Le PSG
En finale de Champions League, trop vite annoncée équipe dominatrice de la décennie en cours, un Paris Saint-Germain amorphe a été étouffé par un Chelsea nettement plus motivé ; scrupuleux du strict respect des principes enseignés par Luis Enrique à ses joueurs et appliqués cette saison avec succès au PSG : l'arroseur de l'Inter de Milan a été arrosé par le mordant de Blues ambitieux et déterminés, Palmer se rappelant au bon souvenir des amoureux du foot. À 23 ans, tout comme Lamine Yamal qui vient de fêter ses 18 printemps, il n'a rien à envier à un Dembélé en route vers la trentaine… Et le Ballon d'Or, à en croire les voix et les plumes à la botte du PSG par l'entremise des réseaux d'Al Jazeera.
Les filles de la Roja et les Lionnes
Au terme d'une finale de l'Euro rendue passionnante par l'opposition des styles de jeu des deux équipes et l'implication sans faille des actrices sur la pelouse, le sacre des footballeuses ibériques que beaucoup attendaient n'aura pas eu lieu. Elles ont dominé la compétition. Confiantes en leur maîtrise de la possession, les Espagnoles campent dans la moitié de terrain adverse grâce à un pressing systématique volontariste, réalisé par plusieurs joueuses à la fois. Patiemment, elles tissent la toile de leur tiki-taka pour épuiser leurs opposantes contraintes à répéter les courses dans le vide ; qui finissent par libérer des espaces que les footballeuses de la Roja guettent pour s'y engouffrer et créer le danger chez l'adversaire. Ce jeu alléchant se traduit par une multiplication des passes horizontales et en retrait. Mais la possession du cuir et l'occupation du terrain ne sauraient constituer une fin ! Dans l'euphorie de leur avantage au score, les Espagnoles oubliant le but (!) du football, n'ont pas porté l'estocade quand elles le pouvaient. Là est la beauté et sont aussi les limites de ce jeu du Barça, ossature de la sélection nationale ibérique, dont la philosophie est dispensée à la Masia, l'école de Johan Cruyff. La résilience des valeureuses Anglaises leur a permis de laisser passer l'orage en première mi-temps. Puis de faire valoir progressivement la profondeur de leur jeu en lançant des attaques verticales tranchantes. La confiance en soi et le réalisme des pragmatiques guerrières anglo-saxonnes ont ainsi eu raison des lutines latines, à la faveur du dramatique épilogue des tirs au but. Là encore, les qualités physiques et plus encore le mental l'emportent sur la technique individuelle et collective.
Positive attitude
Sans revenir sur la faillite, chez les Bleus, d'une défense rafistolée lors de la phase finale de la Ligue des Nations de l'UEFA, tirons la leçon des dernières compétitions internationales : pour triompher, il faut vouloir gagner. Être dominants et conquérants. Une attitude généreuse qui détermine l'intensité facilitant les succès et favorisant la qualité du spectacle. Souhaitons, amis de Tiro Libre, que Didier Deschamps, puis Zinedine Zidane inch'Allah, ne se fassent pas trop prier pour aller chercher la victoire ! Avec une génération de jeunes joueurs et joueuses talentueux, la France n'a plus le droit de manquer d'audace.
*On peut regretter que devant le manque d'agressivité des Françaises, Bonadei ait pu paraître passif et résigné ; un comportement surprenant de la part d'un sélectionneur qui aura choisi de se priver du leadership de l'expérimentée guerrière Wendy Renard. D'autant plus que Griedge Mbock était indisponible pratiquement tout au long de la compétition. De quoi s'étonner qu'au lendemain d'une défaite aussi peu glorieuse, le Président de la Fédération Philippe Diallo se soit précipité pour confirmer Bonadei à la tête de la sélection nationale. Une prolongation qui n'est pas sans rappeler le blanc-seing accordé à Didier Deschamps par un Le Graët en fin de règne. Quand on dit que les mêmes causes produisent les mêmes effets…